Madeleine Pereira est artiste, scénariste, dessinatrice. Elle vient de publier sa première bande-dessinée : Borboleta, aux éditions Sarbacane. Un album touchant qui relève à la fois de l’autobiographie familiale et de la BD historique, bien que la fiction y occupe une part importante.
Entretien avec Didier Caramalho dans l’ALFA 10/13 du 26 avril 2024, un jour après le cinquantenaire de la Révolution des Œillets :
Madeleine Pereira a 27 ans. Elle a deux sœurs (Alice et Louise) et une mère franco-brésilienne. Mais le sujet de sa première bande-dessinée, c’est son père.
Hélio Pereira (Pedro dans la BD) est né au Portugal dans les années 1960, il est arrivé en France en 1973 (à l’âge de 13 ans) et a visiblement toujours été avare de paroles concernant son passé. Ne répondant jamais aux questions de ses filles, esquivant sans cesse le sujet, Madeleine s’est donc donné un objectif : saisir les rares mots de son père en plein vol, comme qui chasse un papillon. Son filet ? Un feutre et un crayon, des couleurs et tons sensibles, la fragilité de son trait et un mensonge. Elle prétexte la préparation d’une BD sur l’histoire familiale pour que son père lui parle enfin. Raté. Il la renvoie vers des amis : Maria M., Manuel F., José R., Helder G., Luis R. et sa tante Elsa – qui, librement réinterprétés, deviennent Guida, Nuno, João, Jaime et Joana.
Et comme la chenille en papillon, le mensonge se mue en vérité. Toutes ces petites histoires font la grande et Borboleta vient de naître. Un titre curieux que Madeleine justifie dans l’entretien ci-dessus.
Madeleine Pereira était aujourd’hui accompagnée de son père, et l’heure passée dans l’ALFA 10/13 était sa première fois à la radio… Nous croyons et lui souhaitons que ce ne sera pas la dernière. Nous nous reverrons, Madeleine !
Didier Caramalho