Dans son nouvel essai Au loin la liberté (La Fabrique), Jacques Rancière plonge au cœur des nouvelles d’Anton Tchekhov pour y trouver la liberté, la servitude, le temps qui passe et le rien qui advient. Ce sont dans les failles de l’ordre établi que s’esquissent parfois des échappées vers une vie nouvelle. Rancière nous raconte Tchekhov.
Entretien avec Didier Caramalho dans l’ALFA 10/13 du 20 décembre 2024 :
Ce n’est pas la première fois que le philosophe et professeur émérite à l’Université de Paris VIII de 84 ans interroge la littérature pour y débusquer des traces d’émancipation, mais son dialogue avec Tchekhov ouvre une perspective singulière, centrée sur le diptyque de liberté et servitude.
À travers ses nouvelles, le dramaturge russe met en scène des personnages pris dans les filets d’une quotidienneté qui les aliène. Pourtant, surgissent parfois des instants où tout pourrait basculer, où tout pourrait advenir : la promesse d’une vie nouvelle, d’une existence affranchie des servitudes ordinaires. Mais souvent cette promesse demeure en suspens, l’occasion n’est pas saisie. Et ce sont dans ces instants, comme des fêlures, que l’on peut entrevoir Au loin la liberté.
Didier Caramalho