Le 17 novembre 2018, un mouvement social de protestation, inédit, spontané et non structuré, est apparu en France. Où en sommes-nous cinq ans après ? L’activiste et figure emblématique des Gilets Jaunes, Jérôme Rodrigues, a fait le bilan de ces samedis de révoltes. Au micro de Didier Caramalho, il analyse la situation et fixe un cap pour l’avenir du mouvement.
Il le sait. Le mouvement s’est essoufflé. La « ferveur populaire et spontanée d’une partie de la population française, population silencieuse et écrasée par le poids de ses responsabilités familiales, personnelles et professionnelles » s’est éteinte. L’âme des Gilets Jaunes existe encore mais le nombre n’y est plus. Pourtant, toutes les alertes lancées pendant les révoltes sabbatales sonnent aujourd’hui plus que jamais : la dette de l’Etat, à la fin du deuxième trimestre 2023, s’établit à 3 046,9 milliards d’euros ; l’inflation stagne ; l’essence à la pompe reste chère ; les plus pauvres s’appauvrissent toujours plus. « Ce que nous avions préconisés, nous pouvons aujourd’hui le palper », affirme Jérôme Rodrigues, « ce qui est regrettable, c’est de n’avoir pas été plus entendu ». Les seules victoires ? La suspension de la taxe carbone, « pas l’annulation », et la prime Macron : « le bilan est quand même assez négatif » selon l’activiste.
« Le Gilet Jaune, on en a fait un dogme politicien. Mais le gilet jaune c’est d’abord une métaphore : quand il nous arrive un accident, cela permet de notifier que nous sommes en détresse » rappelle Jérôme Rodrigues. Les Gilets Jaunes, selon lui, ne parlent que de bien-vivre. Pas de pouvoir d’achat, « un concept marketing », mais de bien-vivre : être satisfait de son travail, être payé de façon juste, remplir son frigo, faire plaisir à ses enfant et partir en vacances. « C’est une utopie claire et nette » les Gilets Jaunes.
Retrouvez ci-dessous l’entretien complet qui a eu lieu dans l’ALFA 10/13 du 22 novembre 2023 :