
Le 17 novembre 2018, un mouvement social de protestation, inédit, spontané et non structuré, est apparu en France. Où en sommes-nous cinq ans après ? L’activiste et figure emblématique des Gilets Jaunes, Jérôme Rodrigues, a fait le bilan de ces samedis de révoltes. Au micro de Didier Caramalho, il analyse la situation et fixe un cap pour l’avenir du mouvement.
Retrouvez ci-dessous l’entretien complet qui a eu lieu dans l’ALFA 10/13 du 22 novembre 2023 :
Il le sait. Le mouvement s’est essoufflé. La « ferveur populaire et spontanée d’une partie de la population française, population silencieuse et écrasée par le poids de ses responsabilités familiales, personnelles et professionnelles » s’est éteinte. L’âme des Gilets Jaunes existe encore mais le nombre n’y est plus. Pourtant, toutes les alertes lancées pendant les révoltes sabbatales sonnent aujourd’hui plus que jamais : la dette de l’Etat, à la fin du deuxième trimestre 2023, s’établit à 3 046,9 milliards d’euros ; l’inflation stagne ; l’essence à la pompe reste chère ; les plus pauvres s’appauvrissent toujours plus. « Ce que nous avions préconisés, nous pouvons aujourd’hui le palper », affirme Jérôme Rodrigues, « ce qui est regrettable, c’est de n’avoir pas été plus entendu ». Les seules victoires ? La suspension de la taxe carbone, « pas l’annulation », et la prime Macron : « le bilan est quand même assez négatif » selon l’activiste.

« Le Gilet Jaune, on en a fait un dogme politicien. Mais le gilet jaune c’est d’abord une métaphore : quand il nous arrive un accident, cela permet de notifier que nous sommes en détresse » rappelle Jérôme Rodrigues. Les Gilets Jaunes, selon lui, ne parlent que de bien-vivre. Pas de pouvoir d’achat, « un concept marketing », mais de bien-vivre : être satisfait de son travail, être payé de façon juste, remplir son frigo, faire plaisir à ses enfant et partir en vacances. « C’est une utopie claire et nette » les Gilets Jaunes.
Didier Caramalho