Shlomo Sand, historien israélien spécialisé dans l’histoire contemporaine, nous présente son dernier ouvrage, Deux peuples pour un État ? Relire l’histoire du sionisme aux éditions du Seuil. Ce livre pense la nature des idées binationales et du sionisme.
Écoutez l’entretien conduit par Didier Caramalho (depuis Paris) pour l’ALFA 10/13 de Radio Alfa. Shlomo Sand était en direct de Tel-Aviv. Une discussion du 7 février 2024 :
7 février 2024 : voilà quatre mois que le Hamas, organisation islamiste terroriste, a engagé son offensive contre l’État d’Israël depuis la bande de Gaza. Pour comprendre ce qui se joue dans cet énième conflit, Shlomo Sand a répondu aux questions de Radio Alfa.
Né dans les camps en Europe, exilé à l’âge de 2 ans, Shlomo Sand a grandit à Jaffa jusqu’à ses 18 ans, « dans un appartement d’Arabes qui ont fui à Gaza ». Il a grandit dans un espace laissé par des réfugiés. C’est dans sa propre existence que Shlomo Sand ressent et comprend la conflictualité permanente entre Juifs-Israéliens et Arabes-Palestiniens, entre « les colons » d’une part, et « ceux qui ont dû quitter leur maison et leur terre » de l’autre.
On ne peut pas séparer les deux communautés : ou une guerre permanente ou une paix avec beaucoup de concessions
Pendant 56 ans, l’historien a écrit et lutté pour la coexistence pacifique de deux États indépendants. Mais depuis deux ans, il est revenu sur cette idée. La lecture des sionistes de gauche et les chiffres ont démonté cette ambition : « 7,5 millions d’Israéliens dominent, par une politique d’expulsion, de déplacement, de répression, d’enfermement et d’aliénation, un peuple palestinien de 7,5 millions de personnes, dont la majeure partie est privée de droits civiques et des libertés politiques élémentaires. » Le rêve d’une séparation en deux États, coexistant pacifiquement, s’est éteint. Les deux peuples entre « la mer et la rivière » doivent apprendre à vivre ensemble.
Actuellement, affirme Shlomo Sand, « Israël est un Etat d’apartheid » et l’Autorité palestinienne à Ramallah « un petit Vichy ». Le binationalisme est déjà une réalité, mais aujourd’hui tragique et brutale. Il faut construire une paix politique, urgemment.
Didier Caramalho