Destaque no Le Monde. Tiago Rodrigues dirige Isabelle Huppert no festival d’Avignon

 

Foto de abertura. O Cerejal, com encenação de Tiago Rodrigues e Isabelle Huppert como protagonista, tem honras de abertura do Festival – foto CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE/FESTIVAL D’AVIGNON

Jornal francês Le Monde publica uma entrevista com o encenador português que vai dirigir Isabelle Huppert na peça O Cerejal, na célebre « Cour d’honneur du Palais des papes » de Avignon.

 

Extrato da entrevista de Le Monde: 

Tiago Rodrigues au festival d’Avignon : « Tchekhov est le meilleur ami des acteurs »

Avec « La Cerisaie », présentée au festival d’Avignon du 5 au 17 juillet, le metteur en scène monte pour la première fois une pièce de l’auteur russe, auquel il voue un culte depuis l’adolescence.

Tiago Rodrigues au Théâtre D. Maria II à Lisbonne, en 2018.

A 44 ans, l’auteur et metteur en scène portugais Tiago Rodrigues, connu notamment pour sa pièce By Heart, entre dans la Cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon, où il dirige Isabelle Huppert dans La Cerisaie.

Quand Tchekhov est-il entré dans votre vie ?

Tard. J’ai entendu son nom à l’adolescence, mais je le découvre à 18 ans, au conservatoire de Lisbonne. Aussitôt, j’éprouve une passion absolue à la lecture, mais je n’aime pas du tout la façon dont on nous le présente dans les cours d’interprétation. Je quitte le conservatoire avant la fin de mes études, et la première pièce que je joue, à 21 ans, en 1998, est une adaptation de Platonov par le tg STAN. Avec cette troupe, je comprends qu’on peut jouer Tchekhov d’une manière libre, détachée du poids de la tradition qu’on nous enseignait au conservatoire. A partir de là, moi qui suis athée, je choisis Tchekhov comme un de mes saints. Jusqu’à aujourd’hui, je ne l’ai pas mis en scène, ni réécrit, ni travaillé, mais il m’a toujours guidé : il est la lumière qui éclaire mon chemin dans l’écriture.

Lire aussi cet article de 2019 :Théâtre : Tiago Rodrigues dialogue à la vie, à la mort avec Anna Karénine

Qu’est-ce qui vous passionne dans son œuvre ?

Son portrait acide et tendre de l’espèce humaine. Il était médecin, il a un regard clinique sur ses personnages, mais toujours animé par une curiosité qui traduit de la tendresse. Même envers les êtres les plus désagréables. C’est un regard très complexe, sans moralisme. Dans son écriture, Tchekhov a une capacité incroyable à « encapsuler » tout un monde en très peu de mots. J’utilise cette expression de « capsule » qu’employait le poète russe Joseph Brodsky pour dire qu’il y a, dans une phrase de Tchekhov, même la plus banale en apparence, une quantité énorme de couches, de significations. Cela vient de sa capacité à observer : il voit la vie plus profondément que nous ne la voyons. Ou il la voit mieux.

Vous mettez en scène « La Cerisaie ». Pourquoi cette pièce-là ?

« C’est une pièce très particulière : Tchekhov l’écrit en sachant que c’est la dernière, qu’il va mourir »

C’est une pièce très particulière : Tchekhov l’écrit en sachant que c’est la dernière, qu’il va mourir. Je ne suis pas professeur ni chercheur, mais la connaissance que j’ai de Tchekhov me fait penser qu’avec La Cerisaie il commence une nouvelle phase d’écriture. C’est à la fois une pièce sur la fin, et sur le changement. Pour en parler, Tchekhov a besoin d’une métaphore, d’un protagoniste collectif qui ne soit pas un personnage. C’est la cerisaie, synonyme du changement social, mais aussi intime, et de la perte qui l’accompagne toujours. La cerisaie est le symbole d’un passé idyllique et tragique à la fois, et cela, on le comprend à travers Lioubov : quand elle revient dans son domaine, elle proclame son bonheur d’une façon exagérée parce qu’elle essaie de se cacher à elle-même que c’est l’endroit où elle a perdu son enfant. Pour elle, la cerisaie est le lieu de la plus grande beauté, et de la plus grande souffrance.

Leia a totalidade desta entrevista no Le Monde

 

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