Morreu Manuel Madeira, cineasta, poeta e militante, que viveu dezenas de anos em Paris

« POÈTE, CINÉASTE ET MILITANT ASSOCIATIF – MANUEL MADEIRA N’EST PLUS »

O autor do filme « Crónica de emigrados”, era natural do Alentejo, onde nasceu em 1936. 

O intelectual e antigo resistente contra o fascismo em Portugal é aqui evocado pelo professor e tradutor Dominique Stoenesco, num artigo publicado no Lusojornal:

 

« Le 3 décembre dernier, Manuel Madeira nous a quittés. Rappeler sa biographie c’est évoquer la vie d’un rebelle, dans le sens noble du terme. Son itinéraire est marqué par le refus d’un quotidien ennuyeux et par la révolte permanente face aux idées fixes, face à l’obscurantisme.

Né en 1936 dans la province de l’Alentejo, militant actif contre le fascisme portugais et contre la guerre coloniale, il est contraint de quitter son pays. En arrivant en France, en 1962, il travaille comme ouvrier aux usines Renault et parallèlement il côtoie de grands noms de la poésie et du cinéma français (Jacques Prévert, Jacques Tati, Jean-Luc Godard). Passionné par le Septième Art, il part pour fréquenter un cours de cinéma en Pologne et, de retour en France, enseigne cette discipline à l’IDEC et à l’Université. Puis il réalise plusieurs films documentaires sur l’immigration en France, comme “O presépio português” (1977) ou “Crónica de emigrados” (1979, sélectionné pour le premier festival de cinéma Méditerranéen), sans oublier «O Circo», un court métrage sélectionné pour le Festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs.

Co-fondateur de l’émission de télévision «Mosaïque», sur FR3 (1977-1987), Manuel Madeira a été également à l’origine de la création de l’Association Memória Viva et a collaboré dans plusieurs revues et journaux, français et portugais. Par ailleurs, il a été membre du Comité de rédaction de la revue Latitudes-Cahiers lusophones (1997-2012).

En 1980, il coordonne et publie, avec Yvette Tessaro, son épouse, et Alberto Melo, un livre au titre explicite, traduisant le sentiment de milliers d’hommes et de femmes qui travaillent durement sur le sol français, “Saudades não pagam dívidas” (littéralement, «les regrets ne paient pas les dettes»), un recueil d’œuvres d’expression émigrée, édité à Paris avec le concours de l’Association l’Oeil Étranger, et comprenant des poèmes recueillis dans les associations ou auprès de poètes anonymes, sur des thèmes tels que le «salto», la terre promise, le racisme, le bidonville de Champigny-sur-Marne ou la Révolution du 25 avril ; des témoignages authentiques qui constituent la mémoire collective de l’immigration portugaise en France.

Manuel Madeira a commencé à écrire de la poésie à l’âge de 19 ans. Il a publié en français “Les mois chauds” (éd. PJO, 1973), livre dans lequel il évoque son parcours de militant politique, puis “Perturbations” (éd. L’Oeil Étranger, 2006), où il s’interroge, notamment, sur “l’enfance que je n’ai pas eue”. Dans son dernier recueil de poèmes, “Já cá não está quem falou” (“Il n’est plus là celui qui a parlé”), publié également aux éditions L’Oeil Étranger, en 2012, on trouvera 76 poèmes et une dizaine d’illustrations dont il est lui-même l’auteur.

 

Dans le poème «Rio Mondego», qui figure dans son dernier livre, sans jamais se séparer d’un lyrisme mesuré, mais toujours sur un ton doux-amer ironique qui lui est caractéristique, Manuel Madeira fait un clin d’œil aux œillets du 25 avril qui attendent, qui sait, un nouveau printemps…:

“…as ninfas que choram / infinitas horas a morte / de dona Inês com lágrimas / de pedras nas ogivas / manuelinas onde brotam / rosas de ouro e cravos / de Abril que florescem / num vaso de argila junto / com anémonas marinhas…”

(«…les nymphes qui pleurent / de longues heures la mort /de dona Inès avec des larmes / de pierres dans les ogives / manuélines où éclosent / les roses d’or et les œillets / d’avril qui fleurissent / dans un vase en argile avec /des anémones marines…»). »

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