Étienne Détré est un musicien-interprète de pop française. Il a publié deux EP : en 2021, Chute Libre et plus récemment La Fugue qui contient notamment le superbe « La Folia ».
Entretien avec Didier Caramalho dans l’ALFA 10/13 du 24 mai 2024 :
Étienne Détré est un homme en fuite. Tout au moins, son existence se positionne dans ce mouvement, la course en avant. La fugue. « Vers l’amour, la liberté » dit-il.
Pendant le confinement de 2020, l’artiste émergent a produit son premier EP, Chute Libre. Un album-concept qui raconte le désespoir d’un homme fuyant la Terre pour se réinventer sur une autre planète. Le 29 mars 2024, il revient avec La Fugue. Un second EP organique et romantique dont certains titres racontent son intime. Il y a quelque chose qui relève de l’autobiographie dans « Un peu de toi », des membres de sa famille dans « La Folia ». La pochette-même de La Fugue – photographie atemporelle et onirique, au grain impossible – donne à voir un lieu dont seul Étienne Détré connaît le nom.
À la première écoute, Étienne Détré sonne comme Étienne Daho, mais l’oreille attentive y entendra plus assurément Alain Baschung ou Hubert Mounier. Il est vrai que sa mère écoutait beaucoup Daho quand il était jeune ; il a peut-être hérité d’un grain de voix « inconsciemment ou par hasard » confie-t-il. Dans tous les cas, ce dont il a profondément conscience c’est l’influence que Massive Attack a eu sur lui. L’ambiance trip hop de Bristol, dérivé de la post-acid house, et l’utilisation des samples ont nourri en lui l’envie de musique.
Étienne Détré mobilise une autre influence étonnante : Stanley Kubrick. Il cite son film historique Barry Lyndon (1975 ; Oscar de la meilleure direction artistique, Oscar de la meilleure photographie, Oscar de la meilleure création de costumes, Oscar de la meilleure adaptation musicale pour film) comme une référence. D’ailleurs, la bande-originale de Barry Lyndon est inspirée de la sarabande de Händel, influencée elle-même… par la folia.
La « Folia » (en portugais), communément connue comme Folies d’Espagne, est une danse populaire apparue au XVe siècle au Portugal. Il s’agissait d’un rite chorégraphique, au rythme rapide, lié à la fertilité lors duquel les hommes s’habillaient en femmes. Le rythme saccadé et la mise en scène l’accompagnant laissaient penser à la folie, d’où son nom. Parmi un certain nombre de thèmes de la folia, émergea avec le temps une mélodie qui était répétible à l’infini. Et c’est un jour d’étude sur la basse continue – Étienne Détré a été professeur de musique pendant neuf ans à l’Education Nationale – que le titre « La Folia » a surgi. Une chanson construite en deux parties : une première calme et mélodique, et une seconde bien plus explosive. Une chanson qu’Étienne Détré dédie à sa sœur, comme il l’a annoncé en exclusivité dans l’entretien ci-dessus.
À noter qu’Etienne Détré est également l’un des 10 candidats sélectionnés pour la deuxième édition de « Hauts les Talents 2024 » – concours annuel de la nouvelle scène française des Hauts-de-France, organisé par France Bleu Picardie et France Bleu Nord. À vous de le soutenir (jusqu’au 26 mai, minuit) pour qu’il fasse parti des quatre finalistes qui seront sur la scène de Mégacité Amiens, le 11 juin prochain. Votez pour lui ! Nous… c’est déjà fait !
Didier Caramalho