Spectacles/Paris. Brésil et Cap Vert à l’honneur au #104paris

Brasil: Christiane Jatahy

Depois do silêncio

(Après le silence)

23.11 > 16.12.2022

avec l’Odéon-Théâtre de l’Europe

Avec Depois do silêncio, la metteuse en scène et cinéaste brésilienne Christiane Jatahy – Lion d’Or 2022 du Théâtre de la Biennale de Venise – ausculte les échos contemporains de l’esclavage et du racisme, associant fiction et documentaire à la lumière d’un langage neuf, à la fois théâtral et cinématographique.

Au cœur de Depois do silêncio se trouve le premier roman du géographe brésilien Itamar Vieira Junior associé à des images documentaires issues d’un travail de terrain et des extraits du film Cabra marcado para morrer d’Eduardo Coutinho. Publié en 2019 et couronné d’un succès exceptionnel, Torto Arado embrasse le destin de trois jeunes femmes issues des communautés rurales de l’état de Bahia, au nord-est du Brésil. Descendantes d’esclaves, elles s’élèvent au contact d’une nature envoûtante et de rituels magiques. À ce ferment romanesque, Christiane Jatahy associe une recherche documentaire sur ce qui survit aujourd’hui de l’esclavage et sur le racisme structurel.

En associant matière scénique, plateau et matériau filmé, la metteuse en scène poursuit ses recherches formelles sur un travail théâtral et cinématographique, à même de restituer enjeux locaux et problématiques globales. Depois do silêncio est le dernier volet de sa « trilogie des horreurs » qui a déjà abordé les mécanismes du fascisme et le pouvoir politique mortifère du patriarcat. Artiste associée, Christiane Jatahy a présenté six projets au CENTQUATRE-PARIS, dont dernièrement Ithaque (Notre Odyssée 1) et Le présent qui déborde. En 2022, elle reçoit le Lion d’or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de son œuvre théâtrale.

Cabo Verde: Marlene Monteiro Freitas

Bacchantes

Prélude pour une purge

01 > 03.12.2022

avec le Festival d’Automne à Paris

À partir d’une œuvre phare du théâtre grec antique, la tonitruante chorégraphe et performeuse cap-verdienne Marlene Monteiro Freitas fait surgir un jubilatoire ballet post-moderne totalement halluciné.

Dieu de l’ivresse et de la démesure, mais aussi dieu de la danse et du théâtre, Dionysos règne en maître infernal dans Les Bacchantes, tragédie tumultueuse écrite au IVe siècle avant J-C par Euripide. Transposée très librement, la pièce donne ici matière à un ahurissant spectacle hybride – quelque part entre comédie musicale et opéra contemporain – mené sur un rythme échevelé sans le moindre temps mort. Tout du long, l’extravagance burlesque s’allie à une rigoureuse minutie : une folle sarabande réglée comme une horlogerie fine de la plus haute précision.

Figure saillante de la scène contemporaine, Marlene Monteiro Freitas développe depuis une quinzaine d’années un langage chorégraphique extrêmement organique, qui brouille les frontières entre l’humain et l’animal dans un esprit souvent carnavalesque. Elle illustre ici l’éternel combat entre l’ordre et la déraison avec une création scénique d’une incroyable force visionnaire, en écho puissant au chaos de notre époque.

 

Brasil: Bruno Beltrão

New Creation

Création 2022

25 > 27.11.2022

avec le Festival d’Automne à Paris

Parvenant une fois de plus à réinventer son langage scénique, d’une grande puissance physique, le chorégraphe brésilien Bruno Beltrão signe une nouvelle création à forte résonance politique, au contact direct de la réalité de son pays.

Exprimant une énergie fiévreuse, séparément et ensemble, neuf interprètes portent en scène une partition chorégraphique très rigoureuse émaillée de mouvements rapides, sauts et autres surgissements. De solos, duos en figures collectives, ce groupe révèle une extrême cohésion et traduit en continu une violence latente que l’anguleuse composition sonore, parfois bruitiste, rend encore plus tangible.

En exploration libre depuis vingt ans entre écriture contemporaine et pratiques de danses urbaines, Bruno Beltrão livre ici une de ses pièces les plus sombres, dans le prolongement d’Inoah – présentée au CENTQUATRE-PARIS en 2018. Témoignant avec force de la situation actuelle au Brésil, hautement préoccupante, il s’inscrit nettement en opposition à la dérive fasciste incarnée par Jair Bolsonaro.

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