La peste de la rumeur, des « post-vérités » – ici l’invasion de sorcières – ravage une ville qui bascule dans une pulsion puritaine, avec l’appui d’une cour de justice. On dénonce, on pend. On croit sur parole une femme animée par un souci de vengeance. On prône la lutte du Bien contre le Mal. C’était en 1692 dans le Massachusetts, une page sombre de l’histoire coloniale des États-Unis, c’était dans les années 1950 au temps du maccarthisme dont Arthur Miller fut l’une des victimes. Parce que l’histoire peut toujours se répéter, parce que l’intolérance, l’aveuglement sont à nos portes, Emmanuel Demarcy-Mota – tout comme il le fit pour Rhinocéros de Ionesco et L’État de siège de Camus – remet à la lumière, avec sa troupe et sur une grande scène, cette farouche pièce américaine dont Raymond Rouleau fit un film et un spectacle, avec Yves Montand et Simone Signoret. La création française eut lieu au Théâtre Sarah-Bernhardt, en 1955. La mémoire a du bon.
De Arthur Miller / Emmanuel Demarcy-Mota.
08 sept.10 oct. 2020 no Espace Cardin
Emmanuel Demarcy-Mota: