« L’Histoire a tendance à vomir les tièdes » estime Etienne Augris

L’historien Étienne Augris revient avec un nouveau livre « dirigé » qui fut présenté en avant-première au Livre sur la place. Photo Séverine Kichenbrand pour L'Est Républicain
L’historien Étienne Augris revient avec un nouveau livre « dirigé » qui fut présenté en avant-première au Livre sur la place. Photo Séverine Kichenbrand pour L'Est Républicain

Dans Changer de camp (Novice), Etienne Augris retrace les volte-face de quatorze figures politiques dont les trajectoires incarnent la complexité des engagements et des retournements d’allégeance qui ont marqué le XXe siècle.

Entretien avec Didier Caramalho dans l’ALFA 10/13 du 8 novembre 2024 :

 

Dirigé par Étienne Augris, cet ouvrage réunit douze auteurs qui explorent les parcours de figures comme Gustave Hervé, Jacques Doriot, le colonel Rémy, Marie-Madeleine Fourcade, Mathilde Carré, Georges Albertini, Roger Garaudy, le général de Bollardière, Jacques Soustelle, Robert Chantriaux, Jacques Chevallier, Claude Roy, Louis Vallon et Pierre Dunoyer de Ségonzac.

Revenir sur les vies de ces hommes et femmes permet de retracer l’histoire politique du XXe siècle tout en interrogeant les notions de loyauté, d’engagement et de trahison. Du pacifiste Gustave Hervé, devenu un fervent partisan de la guerre contre l’Allemagne en 1914, à Jacques Soustelle, qui bascula de la loyauté envers De Gaulle à l’antigaullisme, en passant par le général de Bollardière, qui, après des combats en Afrique, en Indochine et en Algérie, adopta un antimilitarisme affirmé, chaque destin présenté dans Changer de camp (Novice) incarne l’influence des bouleversements historiques du XXe siècle.

Etienne Augris | Changer de camp. Novice, 270 p., 21,90€
Etienne Augris | Changer de camp. Novice, 270 p., 21,90€

Étienne Augris souligne que chaque trajectoire est singulière. Les auteurs ont sélectionné des figures marquées par des ruptures profondes : certaines, comme Marie-Madeleine Fourcade, s’éloignent progressivement de leur camp d’origine, tandis que d’autres, comme Jacques Doriot, passent de la gauche communiste à l’extrême droite fasciste, illustrant des changements de camp motivés par des dilemmes moraux, bien au-delà des seules opportunités politiques. Les parcours étudiés dans Changer de camp (Novice) ne sont pas de simples revirements idéologiques : ils bouleversent la vie personnelle et professionnelle de celles et ceux qui les vivent. Pour certains, comme le général de Bollardière, ce choix entraîne la fin de leur carrière militaire. Étienne Augris montre ainsi que ces décisions, souvent radicales et aux lourdes conséquences, dépassent le pragmatisme politique pour devenir des engagements profondément existentiels.

Changer de camp (Novice) propose ainsi une plongée originale dans les choix moraux du XXe siècle, où la loyauté et la trahison se mêlent dans des trajectoires aussi individuelles que révélatrices de leur époque.

Didier Caramalho

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